Mes lectures

« L’anti mère » de Marie-Estelle Dupont

Je souhaitais écrire ce que la lecture de ce livre m’a faite à « chaud ». Tant de fois, dans ma clientèle, j’ai entendu certaines phrases, certains faits décrits dans ce témoignage. Et toujours, les personnes tentaient de trouver un sens à ce qu’elles avaient vécu, peut-être même essayer d’y inscrire le pardon comme baume de soulagement pour ne pas tomber dans le néant. On ne peut, bien sûr, pas faire de copié/collé d’une expérience à une autre, cependant, des similarités se dégagent de ces récits. Un profil de mère qui peut être haineuse par rapport à leur fille. Du fait même qu’elle soit née fille avec ce désir de destruction de la rivale, du féminin vu comme sale, dangereux, inacceptable, nuisible de par sa nature même.

Mais j’ai constaté aussi les dégâts, à l’autre bout, de ce que l’indifférence pouvait faire de ravage. De ces mères qui préfèrent faire l’autruche, ne pas voir, ne pas savoir et ainsi n’endosser aucunes responsabilités. Encore moins, prendre et tenir leur rôle de mère. Ce non engagement dans la responsabilité parentale qui fait « comme si » la différence de l’autre n’existait pas. Le déni est une arme puissante. Infantiliser l’autre, l’enfant devenu adulte, pour ne pas avoir à se confronter au dialogue, encore moins à la critique. Vivre comme si rien ne s’était passé.

Mais, ces femmes se reconnaissent souvent à leur posture d’éternelle victime, celles qui ont plus souffert que tous les autres, celles à côté de qui, nos propres malheurs ne sont que des petits bobos, celles qui étouffent ne serait-ce que le début d’une pensée adulte étant elle-même demeurée à un stade infantile. 

Dans la société actuelle mais dans tant d’autres avant, on ne parle pas de ces mères « abusives » Ce n’est pas ce que les gens ont envie d’entendre ou de comprendre. On met le rôle de mère sur un piédestal ce qui met les femmes dans une dangereuse posture inatteignable et celles qui en ont été victimes dans une impossible réparation puisque rien n’est reconnu comme tel.

Le féminin et ses fantasmes, la maternité, auront fait couler et feront encore couler beaucoup d’encre. Non, l’amour maternel ne va pas toujours de soi. Plus souvent qu’il ne se dit, il faut l’apprendre, l’apprivoiser et bien souvent devenir parent au fur et à mesure que l’enfant grandit.

Laisser le temps faire son œuvre de guérison, prendre de la distance afin de remettre tous les protagonistes de votre histoire dans une autre perspective. Il y a moyen de raconter cette histoire de différents points de vue afin de se réconcilier avec la petite fille puis la jeune fille et enfin la femme que vous êtes aujourd’hui. Transformer hier, modifier sa posture par rapports aux différents évènements peut permettre d’avancer plus sereinement.

Bonne lecture

Patricia